Exposition « Rencontre de graveurs », sous la coordination artistique de Cédric Neau – Du 16 mai au 04 septembre 2023

EXPOSITION

"Rencontre de graveurs"

4e biennale de gravure


Dominique Berteletti, Max Boisrobert, Guy Braun, Michèle Joffrion, Raoul Lazar, Anne Mounic, REM (Rémy Joffrion), Nicolas Terrasson

Du 16 mai au 04 septembre 2023

En accueillant cette rencontre de graveurs, le centre d’art contemporain de Trizay dédie un hommage particulier à l’art de la gravure apparu en Europe à la fin du XIVe siècle avant même l’apparition de l’imprimerie.
Cette exposition, coordonnée par Cédric Neau, graveur, conforte l’idée que l’estampe fait partie intégrante des arts plastiques. Si l’oeuvre peinte se pare de qualificatifs techniques pour affirmer ses courants, ses tendances, l’oeuvre imprimée n’a rien à lui envier par toutes ses facettes techniques qu’elle démontre. L’acte de création n’en est pas moins secondaire, la contrainte des matériaux et outils nécessaires sont autant d’espaces de libertés qui obligent à une quête d’imaginaire sans cesse en éveil.
Huit graveurs présenteront leur passion au travers de leurs travaux : Dominique Berteletti, Max Boisrobert, Guy Braun, Michèle Joffrion, Raoul Lazar, Anne Mounic, REM (Rémy Joffrion) et Nicolas Terrasson.

Dominique BERTELETTI

Je bidouille, trifouille, grabouille… je mixe des techniques d’impressions, sérigraphie, lithographie, gravure …

Le motif et la répétition m’obsèdent. Les techniques d’impressions se sont imposées à moi, me permettant de répéter facilement sans lassitude. De plus les lentes rigueurs techniques me rassurent. Elles me donnent l’illusion de maîtriser mon travail. Pourtant toutes mes démarches sont expérimentales, et partent sur des chemins sinueux et pleins d’embûches. Je développe des séries.

Je joue de la fluidité du motif en utilisant le multiple de façon combinatoire – superpositions, décalages, inversions, mixage de motifs voire de techniques, – obtenant la plupart du temps des tirages uniques.

Max BOISROBERT

Parmi les techniques de la taille douce, la pratique du burin s’est très vite imposée comme une évidence, c’est une navigation au long cours, un travail patient, rigoureux qui tient à la fois du laboureur et de l’architecte.

Graver est un plaisir sensuel de lever sans violence le copeau de cuivre poussé par l’étrave du burin; il s’enroule lentement sur lui même révélant en silence ce qui se dissimule sous la surface du métal: l’inattendu, les silhouettes, les objets familiers, les paysages.

L’estampe, c’est aussi l’attention particulière apportée à la préparation du cuivre, à l’affûtage des burins et des échoppes, au choix du papier, à l’encrage et à l’essuyage de la plaque, enfin au réglage de la presse, objet unique et central de l’atelier.

 

 Influencé par l’univers de Morandi, les arbres et les natures mortes ont tout d’abord nourri mon imaginaire formel, puis les thèmes abordés se sont successivement organisés en séries, naviguant entre abstraction et figuration, confrontations de traces géométriques minimales et organiques.

 

Les 2 suites qui seront exposées à l’Abbaye ont été gravées entre 2020 est 2023 :

 

– «Les 12 travaux», série à l’image des épreuves que doit surmonter Hercule, se dégageant de la narration pour ne retenir qu’une évocation intense de ses exploits.

 

– «Temps sauvages et incertains», suite de 4 plaques de cuivre suggérant l’alternance des solstices et des équinoxes mais surtout la sombre incertitude des temps présents.

Guy BRAUN

Dans Métropolis, et plus généralement dans le cinéma expressionniste, chaque plan est pensé comme une œuvre. On y trouve à la fois la force du cadre cher à Jacques Callot et la densité des contrastes chère à Rembrandt. En ce sens le noir et blanc confronte naturellement la modernité à la tradition. L’univers gravé affleure dans l’œuvre de grands réalisateurs, comme chez  Bergman : dans le septième sceau, on songe à Dürer et  La nuit des  forains  évoque le monde de Callot. Des films plus récents, bien qu’en couleurs, (un homme et une femme) trahissent cet émerveillement de l’instant fugace où la narration  passe au second plan.

Michèle JOFFRION

Le noir est pour moi un espace infini… une respiration…une libération.

Confidentiel quand la lumière naît.

Révélateur quand les transparences jouent.

La manière noire m’accompagne comme un espace de vie.

Raoul LAZAR

La gravure : La découverte de la sculpture cycladique m’a permis de réintroduire dans mon travail la forme par le dessin puis dans ma peinture. (sculptures cycladiques musées de Marseille 1994). Cette sculpture s’exprime d’une manière très élémentaire et sans artifice mais avec force.
Dispositif : Du contreplaqué découpé qui inscrit la forme sur une autre surface, le papier. Les formes que je découpe sont anthropomorphes. La surface de contreplaqué est découpée et encrée. Sous la pression exercée par la presse taille douce elle se déporte et s’ancre dans et sur le papier. La matrice permet la multiplication des épreuves.
Le travail de la couleur s’inscrit dans des séries. Les actions de déplacement, les superpositions, les retournements vont se développer et alimenter le travail et mon imaginaire.

Anne MOUNIC

L’œuvre d’Anne Mounic (1955-2022), qu’elle soit gravée à la pointe sèche ou déposée à la pointe du pinceau, offre à ceux qui ne la connaissent pas encore, une parfaite image de son tempérament. Commençons par la gravure sur cuivre. Le choix de la technique explique la démarche opiniâtre et résolue de son geste. Le trait est vigoureux puisqu’il s’agit d’arracher sans violence la ligne qui se cache dans les profondeurs du métal. Pour reprendre un titre de ses publications poétiques, son trait pelucheux* réchauffe l’austérité du noir ; il offre une chaleur qui semble surgir des mouvements mêmes du modèle saisi dans l’instant. Ces écorchés suaves surgissent de la feuille dans l’attente d’un regard empathique. – Guy Braun

*Anne Mounic, Lumineux, pelucheux. La Hulpe (Belgique) : Editions du Gril, 2000.

REM (Rémy JOFFRION)

Cartographier sur le cuivre les méandres de son imaginaire, c’est écrire sa Carte du Tendre, tendre vers la difficile transcription de ses émotions et les offrir en partage au regard d’autrui, dans cette société en déshérence, en quête d’humanité.

Le burin qui trace son incision en secret du regard, de l’inspiration, conforte le graveur dans sa bulle créatrice. « …la main…égale et rivale de sa pensée. L’une n’est rien sans l’autre ». (Paul Valéry – Inscription au Fronton du Palais de Chaillot).

Nicolas TERRASSON

Après des études scientifiques, Nicolas Terrasson se dirige vers les arts plastiques, poursuivant sous une autre forme, la quête d’un autre langage d’exploration. Son travail artistique consiste principalement à restituer des expériences mettant en relation l’art et la technologie. Dans cette série de gravures, l’artiste revisite l’imaginaire du cyborg, en écho à notre société de plus en plus artificialisée. Ces estampes, réalisées en partie via des outils numériques, ne sont qu’une interprétation de mêmes dessins, ayant déjà été abordés par d’autres médiums, comme pour creuser une même obsession sous divers angles.